Leçon d’anatomie

Mon amour pour Pierre | a été un meurtre | le mien | je regarde ses yeux | je soulève mentalement ses iris bleus | je les décolle pour examiner ce qu’il pense | pour voir à l’oeuvre son cerveau | je m’insinue dans ses pensées | je rêve de penser ce qu’il pense | au moment où il le pense | et n’arrive qu’au vide

Description:

Brillamment et avec une verve d’une lucidité implacable, Martha pratique devant nous l’autopsie du cadavre d’une vie de couple, d’un amour déchu.

  • Caractéristiques des personnages: MARTHA : environ cinquante ans PIERRE : mari de Martha (Rôle muet : un acteur, ou un mannequin, ou rien)

Traductions en langues étrangères:

  • Traduit en espagnol pour le Mexique par Philippe Chéron sous le titre de La lección de anatomía [1996]
    • Teatro El Granero, Mexico, 5 novembre 1998
  • Traduit en tamoul par R. Kichenamourty, K. Madanagobalane, S. Pannir Selvame, R. Venguattaramane sous le titre de Leçon d’anatomie (en tamoul)[2002]
  • Traduit en allemand par Marie-Elisabeth Morf sous le titre de Anatomiestunde[1995]
    • Theater Zerbrochene Fenster, Berlin, 8 mars 2001
  • Traduit en anglais par Sheila Fischman sous le titre de Anatomy Lesson [1995]
  • Traduit en russe par Roustam Akhmedshin sous le titre de Ларри Трамбле (Leçon d’anatomie en russe)
  • Traduit en hindi par R. Dhaka.

Création du spectacle:

Théâtre d’Aujourd’hui, Montréal, mise en scène de René Richard Cyr, septembre 1992.

Autres productions :

Anatomy Lesson (traduction anglaise de Sheila Fischman), Vancouver, mise en scène de Neil Cadger, juillet 1997.

La leccion de anatomia (traduction espagnole pour le Mexique de Philippe Chéron), Théâtre El Granero, Mexico, mise en scène de David Olguin, novembre 1998.

Anatomy Lesson (traduction anglaise de Sheila Fischman), Pink Inc, Vancouver, mise en scène de Del Surjik, octobre 1999.

Anatomy Lesson (traduction anglaise de Sheila Fischman), Université de Calgary, Calgary, mise en scène de Javier Vilalta, novembre 2001.

Leçon d’anatomie, École nationale de théâtre du Canada (programme de mise en scène), Montréal, mise en scène d’Anne-Marie White, novembre 2002. Reprise par le Théâtre Trillium.

Leçon d’anatomie, Théâtre de la Bordée, Québec, mise en scène de Marie Gignac, novembre 2005.

La leccion de anatomia (traduction espagnole pour le Mexique de Philippe Chéron), La Nada Teatro, Guadalajara, mise en scène de Miguel Lugo, novembre 2005.

Leçon d’anatomie, Théâtre Pixel, Compagnie La Patte folle, Paris, mise en scène d’Angélique Deheunyck, octobre 2007.

Leçon d’anatomie, mise en lecture dans cadre de l’émission «Au bord des lignes», Radio Pays 93.1 FM, Ile-de-France, février 2007.

Leçon d’anatomie, mise en scène de Delphine Salkin, collectif Nonumoï, Paris, 2007.

Leçon d’anatomie(en hindi, traduction de R. Dhaka), M.L.Bhartia Auditorium, Alliance Française de Delhi, mise en scène de S. Somasundaram, mars 2008.

Leçon d’anatomie, Bafduska mise en scène de Benoit Gautier, Théâtre Bafduska, , Centre culturel canadien, Paris, juin 2009.

Production du Théâtre d’Aujourd’hui, 1992:

Mot de l’auteur:

Vous avez moins de 90 minutes pour raconter votre vie. Qu’allez-vous extraire de votre passé? Quelle partie de votre histoire allez-vous retrancher? Quelle autre allez-vous mettre de l’avant pour en déduire le reste? On ne nait pas nécessairement le jour de sa naissance.

Avant de connaitre l’histoire de Martha, d’en écrire la première ligne, j’étais habité par cette question: que peut-on savoir d’un autre? Jusqu’où peut-on aller dans la connaissance d’un autre avant de détruire, par souci d’exactitude, ce qu’on aime, se détruisant du même coup?

La première ligne écrite, ma question de départ se modifia mais ne perdit rien de son pouvoir d’étonnement: pourquoi nous arrive-t-il d’aimer ceux qui nous détruisent?

Martha fut donc ce personnage parti à la recherche de cette réponse. Pour la découvrir ou la forger, elle n’hésita pas à transformer sa vie en une leçon d’anatomie, entreprise sérieuse, douloureuse, mais non dépourvue d’ironie et d’un certain plaisir. Il en faut quand il s’agit d’ouvrir les corps empilés de sa vie et de ceux qui les ont aimés, haïs. Il en faut quand il s’agit de surprendre sa conscience sur le point de commettre le crime de la haine. Il en faut surtout quand il s’agit d’annuler le savoir dans le désir.

-Larry Tremblay

Mot du metteur en scène:

Pour savoir où aller, pourquoi et comment, il faut prendre le temps de voir d’où l’on vient et qui l’on est.

Pour parcourir ce chemin parsemé d’étapes, Martha autopsie. Son mari, son couple, son enfance.

Avec un scalpel redoutable, celui des mots, elle réussit à nommer. Son passé, son échec, pour enfin aboutir à se reconnaitre.

Ce soir vous êtes dans la tête d’une femme, vous verrez, il lui poussera deux pattes derrière, deux pattes devant, et d’un bond, elle s’éjectera hors de l’eau.

-René Richard Cyr

Mot du scénographe:

DE LA PEINTURE AU THÉÂTRE – Pour commencer de la gravure. Ces fêlures dont nous parle Martha sont inscrites sur un mur immense et bétonné. Ce sont des coups de pointe sèche dans une plaque de cuivre. Ces crevasses ne sont pas sans excès, quelques trouées et Martha respire de l’air, voir même de la lumière.
Quand la couleur se répand, c’est en une pellicule fine et le mur se dépeint. Tout transparait.
De grands gestes ont traité les figures, le sang n’a pas pu cailler. Un homme et une femme que l’on nomme maintenant: Pierre et Martha.
Un croquis au bas d’une tablette.

-François Vincent

La critique:

« Une création cruciale qui met la lucidité au banc des accusés.[…] Court, musical, le texte de Tremblay explore avec réalisme le labyrinthe amoureux jusqu’à en faire une lumineuse autopsie. Si on est loin du pays de Gogol, la matière de ce jeune auteur transpire néanmoins d’intelligence et porte la marque d’une écriture dramatique sensible. » 

-Pierre Leroux, Journal de Montréal, 23 septembre 1992.